Comme c'est un sujet souvent effleuré, je propose de créer ici un topic où, au gré de nos découvertes, nous pourrions placer des éléments dont Tolkien s'est inspiré pour de créer son univers.

Hop, voilà la description d'un personnage tiré de la Saga de saint Olaf, de Snorri Sturluson, qui devrait vous rappeler quelqu'un...

"Chapitre 33: Du roi Sigurdr le Sage.
[...] De son costume, on dit qu'il portait une tunique bleue et des chausses bleues, de hautes chaussures liées autour du mollet, un manteau gris, un large chapeau gris à visière, à la main il avait un baton à pommeau d'argent doré où était passé un anneau d'argent.[...]Ce n'était en rien un homme de faste et il était plutôt taciturne."
Traduction: Régis Boyer.

Beowulf en général, plus particullièrement l'arrivée à Heorot, chapitres V, VI, VII, et VIII.

D'autres inspirations de Tolkien puisque c'est le sujet:

-les énigmes du Hobbit nous orientent assez clairement vers l’Epopée d’Enmerkar, la joute verbale entre Väinämöinen et Joukahainen du Kalevala, ou encore les Dits de Gylfi, de Fjölsvinnr, et d’Alviss.

-la religion, plus particulièrement le catholicisme (les exemples sont assez nombreux, mais la résurrection de Gandalf reste le meilleur).

-les structures propres à l’idéologie indo-européenne : tripartition... mais cette influence est limitée par les références chrétiennes.

-la tradition médiévale en générale, avec les deux types de héros (épique et de conte de fée), et le croisement entre deux modèles: le roi « méhaignié » et le roi « guérisseur ».

Mais franchement, ce sujet ne sera jamais suffisant pour vraiment apprécier toutes ces données.

Je ne suis pas d'accord avec toi sur le fait que la tripartition "Dumézilienne" soit atténuée par le Christianisme, car ce dernier ce l'est approprié via le concept de Trinité !

Eorl j'écrivais que c'est l'influence de la structure indo-européenne même qui est limité par les références chrétiennes chez Tolkien. J’ai cité la tripartition, mais j’aurais aussi pu parlé de la terre gaste.

Tolkien a développé les premières sociétés Elfes en 1916 alors que les théories de Dumézil n’apparaissent que vers 1938. On peut donc difficilement lier les deux, sans qu’il y ait des accrochages.


Il s'agit en fait de heurts idéologiques inévitables entre les religions païennes issues des Indo-européens et certaines valeurs morales judéo-chrétienne. Dumézil en personne montra l'opposition consciente de la pensée judaïque à l'idéologie indo-européenne en mettant en exergue les versets 22-23 du chapitre 9 du livre de Jérémie, qui dénoncent point par point la structure trifonctionnelle:

[22] "Ainsi parla Yahvé: "Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le vaillant ne se glorifie pas de sa vaillance, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse." "
[23] "Mais celui qui se glorifie, qu'il se glorifie en ceci: avoir l'intelligence et me connaître, car je suis Yahvé, qui accorde la miséricorde, le jugement et la justice sur la terre; car c'est en cela que je me complais."

Le personnage de Frodo est l'exemple parfait de cette incompatibilité morale. Frodo va se sacrifier pour la Terre du Milieu, va faire preuve de compassion, de pardon et il est à chaque fois ingratement remercié pour ce qu’il fait: les valeurs de Frodo le placent en marge de la culture de son époque. La vengeance pour les anciens Scandinaves était un droit sacré et la morale en Terre du Milieu s'accorde avec cette conception. Frodo croit au pardon et en cela est isolé, il devient anachronique. Malgré sa force morale il n'est pas l'élu qui fera partager sas conception du monde, contrairement au Christ. Tolkien écrivit que l'échec de Frodo à la Montagne du Destin n'est pas un "échec moral" puisqu'il a atteint le point de non retour de la volonté humaine.
Lorsque le Christ sur la montagne est mis à l'épreuve par l'ange déchu il ne faillit pas. Lorsque Frodo succombe à la tentation de l'Anneau, c'est là aussi un esprit angélique perverti qui le tourmente. C'est par son statu de Hobbit, de mortel que Frodo échoue. Les temps sont païens et la perception du Bien et du Mal n’est pas encore figée, le temps n'est pas venu pour que les hommes adoptent la miséricorde.

Dans un second temps le Bien et le Mal varient parfois considérablement entre la pensée de Tolkien et celle du paganisme indo-européen où il puise sa source mythologique. Le cas de l'Ase Odin est flagrant: on retrouve ce personnage à travers Sauron (le dieu "lieur"), c'est tout à fait explicite via l'anneau de pouvoir "pour les emmener tous et dans les ténèbres les lier" (cf. le funeste banquet d'Odin). Mais on retrouve aussi le personnage d'Odin à travers Gandalf: la description du souverain des Ases dans l'Ynglinga Saga autant que celle de la Gesta Danorum inspirent l'allure et la fonction de Gandalf. Il est inutile de faire un parallèle entre Odin qui vainc l'usurpateur magicien Mithothyn et Gandalf qui se débarasse de Saruman, c'est assez évidant. Il existe bien sur des relations entre Odin et Manwë (les aigles tout ça) mais Gandalf n'est pas son avatar (Tolkien écrit: "he was humble in the land of the Blessed").

Alors, pourquoi une telle division de l'influence du Dieu scandinave sinon parce qu'un rôle unique qui en serait directement issu n'est pas concevable à l'intérieur d'une oeuvre dont la vision du monde est chrétienne? L'influence indo-européenne sur le domaine philosophique de l'oeuvre de Tolkien est en fait assez limitée.

C’est peut-être un peu développé je sais, mais pour en savoir plus je vous conseille vraiment Tolkien, trente ans après.

Et bien d'apres moi, c'est le Christianisme lui même et encore plus le Catholicisme qui est imprégné de Paganisme et c'est ainsi qu'il a put interesser des peuples profondéments Païens et aussi éloignés de la pensée judaïque que l'eau l'est du feu ! Aussi, que ce soit volontaire ou non, les écrits de Tolkien ont un fond Païen plus important que ce qu'on pourrait croire au 1er abord !

Je n'ai jamais pensé le contraire: le légendaire tolkienien est plus ou moins une vision du préchrétien dans un monde païen.

Je viens de tomber sur une citation de CS Lewis qui parle de Tolkien, il explique qu'il influence tout les membres des Inklings, mais quant à influencer Tollers, autant vouloir influencer un dragon

On peut par contre penser que Tolkien a été influencé d'une certaine manière par l'ouvrage Poetic Diction, de son camarade Inkling Owen Barfield.

Je suis le seul à poster ici?

On ne peut pas poster partout

Oui mais là quand même, section Tolkien je me sens un peu seul.

Bah section Tolkien, je peux essayer de participer, mais j'avoue que sur ce sujet-ci, je peux pas faire grand chose, ma culture est bien trop maigre pour pouvoir dire quoi que ce soit.

Je continue d'entretenir cette partie seul alors.

J'ai déjà cité le Kalevala, mais étant donné que l'on a beaucoup parlé des Enfants de Hurin ces temps-ci, je me suis dit qu'il serait intéressant de mentionner le personnage de Kullervo. Pour faire court, ce personnage eut une vie tragique, pleine de violence et de chagrin, il est hanté par la vengeance, courtise sa soeur sans savoir que c'est elle. Une fois que celle-ci apprend la vérité, elle se suicide, Kullervo finie par imiter son geste en (tenez-vous bien) se jetant sur son épée ! Cela ne vous rappelle rien ?
Voilà donc, une autre influence majeure.

Euhh, non, voyons, je ne vois pas du tout a qui tu peux faire allusion ?